
En prenant la direction du sud au départ de Séville, vous traverserez les villes pittoresques qui parsèment les collines andalouses baignées de soleil, puis vous passerez devant des villages doucement endormis au milieu d'orangeraies et, au bout d'une heure environ, vous vous retrouverez dans les environs poussiéreux de Jerez de la Frontera, un lieu synonyme de vins fortifiés et de célèbres marques de xérès. Suivez les lignes tracées par les rangées de jacarandas d'un violet éclatant et celles de lauriers-roses et vous arriverez au cœur de la ville. Là, caché derrière les hauts murs du jardin d'un élégant palais du XIXe siècle, se trouve ce qui fait également la renommée de la ville espagnole.
L'École royale andalouse d'art équestre est installée dans les vastes terrains du Recreo de las Cadenas, un palais de style Louis XV conçu en 1864 par l'architecte de l'opéra de Paris, Charles Garnier, pour l'éminent viticulteur local Don Julian Premartin Laborde. Il s'agit de l'une des quatre plus grandes écoles d'équitation au monde avec l'École espagnole d'équitation de Vienne, le Cadre noir en France et l'École portugaise d'art équestre. Cavaliers et chevaux y consacrent des centaines d'heures à maîtriser les arcanes du dressage ; un art qui trouve son origine dans les exercices complexes de la cavalerie du XIXe siècle.
Une grande partie de la décoration française d'origine du palais a été préservée, à savoir ses magnifiques panneaux peints, ses lustres, ses sols en marbre et son grand escalier à colonnes. Derrière ce palais, une grande fontaine rafraîchit les environs lors des journées chaudes tandis qu'à l'avant, les marches mènent au manège extérieur de l'école. C'est dans ce manège, notamment utilisé pour l'entraînement, les représentations spéciales et les exercices matinaux, que nous assistons à une démonstration des pas et figures que les chevaux et les cavaliers ont mis tant de temps à apprendre et à perfectionner. Le petit bâtiment en briques qui se situe à l'extrémité est la sellerie, où le maître harnacheur et ses apprentis préservent l'art séculaire de la fabrication de selles et de harnais espagnols. La formation est si méticuleuse que les élèves doivent d'abord savoir dessiner chaque pièce de harnachement à la perfection avant de recevoir l'autorisation de travailler le cuir directement.

« De nombreux jeunes cavaliers viennent ici avec beaucoup d'espoir et sont désireux d'apprendre. Peu d'entre eux réussissent l'examen d'entrée, qui est très strict. Ces cavaliers constituent donc l'élite », explique María José Rodríguez, qui travaille à l'école depuis plus de 30 ans. « Les jeunes cavaliers qui intègrent l'académie commencent par monter les jeunes poulains et progressent ensuite ». L'académie équestre de Jerez est la crème de la crème des écoles de dressage, et les chevaux sont d'une telle qualité qu'ils n'ont pas de prix. L'école possède une ferme à l'extérieur de la ville où les poulains naissent et sont élevés avant de rejoindre l'école pour y être entraînés. Une fois à la retraite, les chevaux plus âgés finissent leurs jours dans les champs andalous. Les chevaux ont toujours été vénérés en Andalousie, et la ville de Jerez est connue pour son élevage et ses chevaux - un mélange de souches arabes, espagnoles et anglaises. Mais c'est le cheval andalou, très prisé, qui est utilisé pour le dressage classique, l'attelage et le saut d'obstacles. Ces animaux forts et compacts, mesurant environ 15 mains ou 1,5 m de haut, ont une crinière et une queue épaisses et sont réputés pour leur intelligence, leur sensibilité et leur docilité.
Le cheval andalou, également connu sous le nom de pure race espagnol ou PRE (Pura Raza Española), est originaire de la péninsule ibérique où ses ancêtres ont vécu pendant des milliers d'années. Il est reconnu comme une race distincte depuis le XVe siècle, et sa conformation, ou aspect extérieur, à savoir sa structure osseuse, sa musculature et les proportions de son corps les unes par rapport aux autres, n'a que très peu changé au cours des siècles. Tout au long de son histoire, il a été connu pour ses prouesses en tant que cheval de guerre et était prisé par la noblesse. Cette race a aussi été utilisée comme outil diplomatique par le gouvernement espagnol, souvent offerte en cadeau afin de favoriser de meilleures relations avec les royaumes voisins. Les rois des quatre coins de l'Europe ont monté et possédé des chevaux espagnols.
Les origines des chevaux de l'académie, en particulier ceux utilisés dans les spectacles aux chorégraphies millimétrées, remontent à 1567 et au règne du roi Philippe II, qui cherchait personnellement à posséder des chevaux espagnols parfaits. Il a acquis de nombreuses juments et étalons espagnols par le biais d'un élevage sélectif. L'un des auteurs les plus influents sur l'art du dressage et écuyer du roi au XVIIe siècle, François Robichon de La Guérinière, considérait ces chevaux comme les meilleurs de tous. La race espagnole est rapidement devenue le cheval le plus recherché d'Europe et est représentée dans de nombreuses peintures anciennes de la royauté européenne, dont beaucoup portaient les vêtements d'équitation sur mesure créés par House of Creed.
En fin de compte, un bon cavalier est quelqu'un qui est capable de communiquer avec son cheval. Il s'agit d'une relation entre le cavalier et le cheval qui se construit au fil du temps, née d'années et d'années de confiance mutuelle ; une dynamique complexe, en somme. Cela apparaît clairement lorsque l'on observe les chevaux et les cavaliers évoluer ensemble. Les figures de dressage et les sauts complexes sont encadrés par cette symbiose ; une « danse » créée par cette connexion unique. On sent que le cavalier communique avec le cheval ; il ne le domine pas.
Il s'agit d'un art noble créé par des années de dur labeur, de compétence et de passion. Cette agilité, cette prestance, cette grâce et cette noblesse sont ce qui a inspiré de prime abord les parfums Aventus de Creed et continuent manifestement d'inspirer une nouvelle génération de cavaliers.